A la fin de l’été 2009, en furetant à la brocantes de livres organisée par Rififi au Batignolles, rue Davy, j’ai fait quelques découvertes. Parmi celles-ci, ces images « Photomaton » d’un couple d’autrefois. Qui étiez-vous madame? Quel était votre prénom monsieur? J’aurais aimé découvrir des indices aux dos des photos, mais rien, pas le moindre détail révélateur.
Pour moi, vous serez Antoine et Antoinette…

Sorti en salle le 31 octobre 1947, le film Antoine et Antoinette est une délicieuse histoire d’amour parisienne. Il fut tourné à deux pas de cette brocante, aux environs du métro La Fourche, dans le 17e, sous la direction de Jacques Becker. L’essentiel de l’action se déroule en effet avenue de Saint-Ouen, où le couple réside. Je vous engage vivement à revoir ce film, lumineux et sans prétention. Pour l’ambiance du quartier autrefois, il a des allures de documentaire.

On y voit Antoine se faire photographier avenue des Champs Elysées, dans un appareil Photomaton. En cette époque éloignée, une charmante demoiselle faisait fonctionner la machine et délivrait les clichés aux clients… Elle serait chomeuse aujourd’hui.
Il est bien loin le temps du Photomaton argentique, mais pour ceux qui, comme ma fille, veulent revivre l’époque des photos sentant bon le révélateur et qu’il fallait faire sécher ensuite en les gardant en main quelques minutes, rendez-vous au Palais de Tokyo où une machine a été installée…
Vous pourrez ainsi faire comme Antoine, ou les surréalistes qui firent des photos de groupes dans ces antiques machines. Et vous deviendrez peut-être aussi collectionneur des images d’essais abandonnées par les techniciens, comme dans Amélie Poulain? (l’album et le collectionneur existent vraiment!).
Une pochette, quelques regards et un sourire… Traces fragile d’une histoire d’autrefois…

Cette gerbe est pour vous Manon des jours heureux,
Pour vous cette autre, eh ! oui, Jeanne des soirs troublants.
Plus souple vers l’azur et déchiré des Sylphes,
Voilà tout un bouquet de roses pour Thérèse.
Où donc est-il son fin petit nez qui renifle ?
Au paradis ? eh ! non, cendre au Père-Lachaise.
Plus haut, cet arbre d’eau qui rechute pleureur,
En saule d’Orphélie, est pour vous, Amélie.
Et pour vous ma douceur, ma douleur, ma folie !
Germaine Tourangelle, ô vous la plus jolie.
Le fluide arc-en-ciel s’égrenant sur mon cœur.
(Paul Fort, Germaine Tourangelle)

Une réaction de l’ami Gérard, juste après avoir lu cet article :
Cher Rodolphe, Très bien, et en situation ton petit article sur Photomaton à propos d’Antoine et Antoinette, ce chef-d’oeuvre (il en a fait quelques-uns…) de Becker. Je me souviens l’avoir vu, avec mes parents, à sa sortie au cinéma Le Lynx, bd de Clichy (c’est devenu un Sexodrome…). J’avais voulu alors vérifier sur place le décor de la station La Fourche où officiait la délicieuse vendeuse de billets Annette Poivre et je ressens encore ma grande déception en ne reconnaissant pas les lieux, moins vastes que dans le film, et sans doute tournés dans une station désaffectée…ou en studio. Le cinéma est bien ce que j’ai qualifié comme « l’art du mensonge »…
Oui, on constate qu’à l’époque, il existait beaucoup de « petits boulots » qui ont été supprimés, en particulier ceux qualifiés « d’aide à la personne » et plus particulièrement à la personne âgée. Seuls les japonais les ont conservés semble-t-il. En regardant les cartes postales anciennes, on est frappé par l’impressionnant volume de personnel des commerçants de quartier avant la guerre de 14 : Par exemple, devant la charcuterie « A la renommée du boudin », 63 rue de Clichy, on dénombre une douzaine de commis avec leur tablier blanc…
Aujourd’hui, Annette Poivre a été remplacée par un distributeur automatique de billets (parfois en panne)…
Amitiés. Gérard
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