Archives pour juin 2010

A propos du film « Oui mais… » de Yves Lavandier : nous sommes tous des papillons amoureux…

Tout commence sur un fond de musique légère, mais légère ! J’ai cru un court instant qu’il s’agissait d’une mélodie de Georges Delerue. Grand admirateur de ce compositeur, inutile de vous dire que je me suis senti très vite happé par ce film.
Avec des airs de légèreté, Yves Lavandier, scénariste et réalisateur, nous emmène sur un terrain fort délicat : celui des sentiments et des rapports, si troubles, que nous pouvons entretenir avec nos parents, père ou mère ou père « et » mère.
La larve que nous étions est-elle sortie de sa chrysalide pour devenir un joli papillon ? Rien n’est moins sûr même si le cinquantenaire que je suis – eh oui ! – a tout de même la sensation de voler plus facilement qu’aux premiers jours.
C’est tout le propos de ce film lumineux et intelligent, où Gérard Jugnot interprète un psychothérapeute fort sympathique – il en existe ! – venant en aide à une jeune fille, Eglantine, devant assumer sa propre vie et se libérer d’une mère possessive et malheureuse, bourgeoise et alcoolique.

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Nous devons tous abandonner nos parents, un jour ou l’autre, et même si ce passage peut sembler insupportable à certains, la vie se charge de nous pousser, et de couper le cordon solide ou fin qui nous relie à nos géniteurs. Les aléas de la vie, la mort nous sépareront fatalement de ces êtres que nous aimons souvent mais qui sont aussi parfois si durs à supporter.
Comment Eglantine – Emilie Dequenne – parviendra-t-elle à couper ce mince cordage sans précipiter sa mère dans le vide absolu ?
Avec l’aide de son psy, qui saura la pousser dans un sens en ne lui disant pas ce qu’elle doit faire, non, mais en lui donnant les ciseaux et les arguments pour couper le fil.
« Je t’aime », mais « je l’aime » aussi, et Eglantine ira vers ce garçon maladroit qui passe pour un séducteur et qui découvrira lui aussi que l’amour est une affaire complexe qui demande beaucoup de délicatesse, parfois, souvent…
Vous aurez compris que j’aime ce film, qui m’a ému, amusé, intéressé. La musique est sublime, les images belles et la mise en scène classique est intelligente. Pas d’effets inutiles dans Oui, mais… mais un réalisateur au service d’un propos, d’une idée universelle : comment réussir sa vie sentimentale, ou plutôt ne pas la rater.
Et puis il y a Lyon… la seconde ville de mon cœur…
Ce film est sorti en 2001, mais il est toujours d’actualité, comme bonifié par le temps.
Vous trouverez dans la colonne de droite, le lien pour commander le DVD du film et aussi la bande originale du talentueux Philippe Rombi.

Faites comme moi : achetez ce film et j’espère que vous passerez un bon moment grâce au cinéma, cet art merveilleux qui rend parfois la vie , comme dans Oui mais…, plus légère!

Merci à monsieur Lavandier et à très bientôt, j’espère.

Rodolphe Trouilleux

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Un personnage singulier : Jacques de Falaise

Publiée vers 1817, cette gravure, qui fait le frontispice de ces quelques notes, fut achetée en 1920 chez mon vieil et érudit ami, Maurice Artus, le dernier des bohèmes romantiques. Fils d’Amédée Artus, le compositeur de tant d’airs célèbres sous le Second Empire, et auteur – entre autres – de la musique du Tour du Monde en quatre-vingts jours, qui fit les délices de nos débuts au théâtre du Châtelet, Maurice Artus, de qui je tiens cette curieuse estampe, vieux Montmartrois, ami de Toulouse-Lautrec et de Zola, est l’un des fondateurs du Vieux Montmartre, et auteur du Théâtre de Montmartre, de l’Elysée-Montmarlre, des Canards Montmartrois, et d’une curieuse histoire manuscrite de la Chapelle des Martyrs (qui était dans la collection de l’exécuteur testamentaire d’Octave Mirbeau, Monsieur Muret).

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J’acquis cette gravure qui offrait pour moi un double intérêt (collectionneur de singularités et de bizarreries). Elle faisait partie des phénomènes curieux, d’une part, et elle avait, en second lieu, un intérêt montmartrois.
Je rencontrais chez Artus, Avenue Trudaine, où j’étais un assidu, le Docteur Cabanès, John Grand Carteret, et le Docteur Wykowsky, tous grands collectionneurs de pièces d’intérêt médical.
C’est ce dernier qui me montra un étrange prospectus du Théâtre Comte, où Jacques de Falaise se produisit. C’est lui qui me certifia que Jacques de Falaise fut pendant de nombreuses années employé carrier dans notre vieille Butte et, sur ses dernières années, à celle du Moulin de la Lancette, qui se trouvait sur la partie Est de la Butte et qui devait être engloutie, en 1828, par l’exploitation du plâtre.
Il existe à la Bibliothèque Nationale un autre curieux portrait de Jacques de Falaise, tenant en mains une souris et les divers objets qu’il s’apprêtait à avaler : anguille, bouchons, roses, homard, et la cage contenant un oiseau (non identifiable), ainsi que la fameuse épée. Cette pièce est intitulée : Le Polyphage Jacques de Falaise chez Monsieur Comte. C’est une gravure anonyme de 1817. La vue de Montmartre, jointe à cet article, est une vue générale parue dans l’Almanach Royal de 1813, et fait partie de ma collection. Jacques de Falaise était âgé d’une cinquantaine d’années ; il était d’une moyenne stature et d’un embonpoint médiocre. Pendant trente ans, il a travaillé dans les carrières de Montmartre. Lorsqu’il allait au cabaret, avec ses camarades, il les divertissait en avalant des bouchons de liège et des œufs durs, avec leurs coquilles, Il faillit un jour s’étrangler à la halle en essayant d’avaler une anguille vivante. On l’a vu sur le théâtre des Sieurs Comte de Paris avaler, sans la moindre peine et sans mouvements sensibles de déglutition, d’abord, plusieurs noix entières, puis un fourneau de pipe en terre blanche, trois cartes roulées ensemble, une rose avec ses feuilles et sa tige, un moineau vivant, et une souris également vivante ! Il termina ce plantureux repas en avalant une petite anguille également toute en vie, Il introduisit aussi dans son œsophage treize à quatorze pouces d’une lame d’acier poli d’une longueur de 18 pouces, du poids d’une livre, de 3 lignes d’épaisseur et d’un pouce de largeur ! Il le faisait sans préparation, très lestement, et sans donner le moins du monde l’impression d’un quelconque signe de souffrance.

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Après chaque corps solide qu’il avait avalé, Jacques de Falaise buvait un demi verre de vin que l’on disait contenir une préparation tenue secrète. On ne lui voyait faire aucun effort, ni même de mouvements pour tuer dans sa bouche les animaux vivants qu’il allait avaler et il se vantait même de les sentir remuer dans son estomac. Son visage n’offrait aucune trace de digestion pénible. Il était pâle et très ridé, Il mangeait une livre de viande cuite à chacun de ses repas et buvait deux bouteilles de vin, il feignait d’avoir horreur de la chair crue et de ne pouvoir avaler que des animaux vivants. On dit qu’il rendait par le bas les corps solides, les débris d’oiseaux et de souris, dans les 24 heures, et que ce n’était que le 3e jour que sortaient les portions non digérées des anguilles, Ses déjections étaient d’une fétidité extrême. Nous avons vu pendant l’entre deux guerres (1919-1940) deux phénomènes de ce genre : un homophage, le fameux homme-aquarium, qui fit la joie des spectateurs de Médrano. Je veux terminer par l’histoire du Gargantua de la fête de Montmartre (évidemment),
Le propriétaire de cette baraque foraine avait embauché un des dignes successeurs de Jacques de Falaise. Le public affluait extrêmement nombreux à cette attraction peu commune. Le spectacle commençait de très bonne heure, l’après-midi. L’homophage absorbait devant un public médusé des quantités énormes de nourriture et les objets les plus hétéroclites, et, toutes les dix ou quinze minutes – au plus – la séance et le public se renouvelaient. Une foule de plus en plus nombreuse se succédait et l’homophage recommençait et se gavait toujours à une cadence de plus en plus accélérée. Les gens qui sortaient faisaient aux curieux du dehors une énorme publicité en parlant de l’affolante gloutonnerie du personnage qui était à l’intérieur, Mais, à 7 heures, le soir, après une trentaine de séances consécutives, la foule attendait nombreuse pour entrer, quand notre homophage, après ce premier arrêt (le seul depuis cinq heures durant), fit appeler le patron. Celui-ci, surpris, se présenta et demanda : « que voulez-vous» ? Mais Monsieur, dit l’homophage, tout en sortant sa montre de sa poche, il est 7 heures passées, c’est enfin l’heure que j’aille dîner !

J.-R. MICHARD

(Extrait du bulletin Le vieux Montmartre, fascicule n°19, 1957, nouvelle série, 71e année).

Musée de Montmartre… sorties!

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Giraud par Doisneau

Giraud vous raconte des histoires sur le ton d’une simple conversation, exactement comme si vous étiez avec lui au comptoir devant un bon beaujolais chez Fraysse ou bien chez Paulô qui verse l’Algérie dans des demis. Ecoutez-le et voici la jolie farandole à la manière de Chéret avec l’Arbi-n’à-qu’un-oeil Bébé, le Mort, le pensif patron de « maison », Coco le légionnaire, l’Archiduc et toute la troupe. C’est fascinant à cause de ce langage direct qui vous fait complice et qui n’a rien à voir avec l’argot des romans policiers. Les dialogues sont peut-être un peu verts, que voulez-vous, la nuit les enfants de choeur sont couchés. Le ton devient franchement crapuleux quand Giraud raconte ce que les journaux appellent un fait divers, mais certains passages, comme l’entrée du « mort » dans le bistrot des halles, tiendraient gentiment leur place dans les morceaux choisis pour les élèves de sixième, En traînant la savate sur les quais, en reniflant l’odeur de céleri des Halles, en perdant ses nuits dans les bistros de Maubert, Giraud peut vous raconter un Paris que vous ne pouvez pas connaître Mais ne vous y trompez pas, Giraud n’est pas un montreur de monstres. L’essentiel, le merveilleux de ce livre, c’est que des acteurs écorchés par la nuit huent sur des motifs vieux comme le beau monde : l’amour, l’argent, l’honneur. Il y a là-dedans un monde fou qui rêve tout haut, et savez-vous que ton cela est vrai? Un personnage principal : le vin qui coule dans tous les figurants et surtout, sérum de vérité, qui délie les langues.

 

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D’où vient-il ce Giraud qui marche toutes les nuits dans Paris, el s’en va fourrer son grand nez dans les trous d’ombre de la ville lumière? Il avait cependant pris la bonne route, celle qui fait la fierté des familles: étudiant en droit à Limoges, il devait normalement finir notaire, avocat, huissier, l’embarras du choix en quelque sorte. Mais pendant l’ occupation allemande, l’étudiant Giraud plonge dans l’aventure. C’est là sans doute qu’il devient copain avec la nuit, fait l’attaque de la diligence, joue cent fois sa belle jeunesse à pile ou face, el, un beau jour, c’est pile. Un peu morts, Giraud et ses vingt ans se retrouvent aplatis dans une cellule comme méduse à marée basse. Il va y rester des mois, toujours indiscipliné, refuse d’y crever. Ce n’est plus la nourriture prédigérée de la faculté, il apprend des choses qui ne s’oublient pas, rencontre des gars solides et en sort pas à prendre avec des pincettes, mais avec une jolie décoration toute neuve. L’aventure pouvait s’arrêter là, il était pourvu en anecdotes de fins de repas pour toute une vie de province, mais non. Il se cicatrise un brin et monte à Paris. Le notaire raté va faire des tas de métiers (c’est très amusant avec le recul, pour les amateurs de pittoresque, d’être voleur de chats par exemple) mais surtout il cherche ce maquis parisien où la vie s’improvise chaque soir. Restif de la Bretonne, si vous voulez, mais il faut le voir plié en deux de rigolade avec ses cheveux en jets d’eau entre le pick-up à sous et le comptoir pour être sûr que ce n’est pas un poète penché vers des phénomènes mais un complice de ceux qui ne dorment pas dans les rues où coule le vin.
Monsieur Giraud, vous ne serez jamais un garçon sérieux.

Robert Doisneau

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(extrait de Montmartre panorama, terminus 1955, n°4)

Et pour ceux qui voudront approfondir, ils pourront lire la belle biographie de l’ami Olivier Bailly et la réédition récente du Vin des rues.

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Le cheval de 1821

Nombreux furent les chevaux à impressionner les hommes par leur fidélité ou leur intelligence. En 1821, celui d’un marchand de cuir devint célèbre dans tout Paris. Un jeune homme fut envoyé en ville, tenant le cheval par la bride, pour percevoir une grosse somme due à l’artisan. Au retour, lesté de cet argent, le garçon voulut faire un détour par l’abreuvoir du Pont-Neuf pour donner à boire à sa monture. Mais le commissionnaire glissa, et disparut dans les eaux, emportant avec lui l’argent perçu.


Le cheval rejoignit son écurie, seul, énervé, grattant la terre. Intrigué par la disparition du garçon et l’étrange manège de l’animal, un domestique du marchand le monta et lâcha la bride. Comprenant vite, le cheval reprit sa route en sens inverse et, au galop, ramena son cavalier sur les lieux de la tragédie. Le lendemain, on retrouva le sac d’argent et le corps du malheureux noyé.

 

Pendant longtemps, la mémoire de Paris garda la trace de cette bête exceptionnelle, baptisée « cheval de 1821 ».

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L’abreuvoir du Pont-Neuf

« La dorée », carpe préférée de Louis XIV

Les Archives nationales conservent dans leurs cartons des documents merveilleux dont la poésie, bien involontaire, est réelle. En juin 1702, des carpes provenant des demeures royales de Meudon et de Fontainebleau furent envoyées à Marly pour empoissonner les bassins du parc. Un mémoire daté des 12 et 13 juin de cette année a gardé la trace des 92 poissons pêchés à Fontainebleau :

« Une carpe parfaitement belle, blanche, avec une grande marque noire en manière de papillon sur le haut de la tête.

Une petite blanche, ayant le nez extraordinairement camus.

Une belle argentée, mouchetée de rouge.

Une isabelle mouchetée.

Quatre argentées, mouchetées de noir.

Deux argentées, avec une grande marque noire sur l’oreille.

Une argentée, avec une espèce de mouche noire sur la tête.

Treize dorées, marbrées.

Trois bronzées, de couleur d’or.

Une autre bronzée et mouchetée de noir.

Six argentées et marbrées.

Quatre argentées et truitées.

Deux belles dorées au miroir.

Onze autres dorées au miroir.

Quarante et une communes et très belles. »

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La Palatine écrivait à la duchesse de Hanovre à propos des carpes de Marly : « Il y en a qui sont comme de l’or, d’autres comme de l’argent, d’autres d’un beau bleu incarnat, d’autres tachetées de jaune, blanc et noir, bleu et blanc, jaune d’or et blanc, avec des taches rouges ou des taches noires. »

 

Un vrai feu d’artifice que Louis XIV apprécia beaucoup, au point d’avoir élu sa carpe préférée, qu’on nommait la dorée. Ne la voyant pas, un jour de promenade, il fit curer le canal. On retrouva la dorée morte, ce qui causa beaucoup de chagrin au monarque qui s’enferma et refusa toute visite :

« À Marly paraît un courrier
Que l’on devait expédier,
Mais l’huissier qui garde la porte
Lui dit : « Retirez-vous d’ici !
La carpe favorite est morte,
On ne voit personne aujourd’hui. »

L’amour vénal…

Un beau texte de Francis Carco sur la condition des filles, extrait de L’amour vénal, ouvrage publié en 1927 et qui devait être une recueil d’article. Je reviendrai ici sur l’oeuvre de « M’sieur Francis », un personnage de mon panthéon personnel.

Les bordels, il pouvait en parler, car il les connaissait… Lui!

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Quel gentleman, à la lecture des précédents chapitres, n’aurait comme le droit d’exiger une peinture moins amère de ses propres aberrations? Lui aussi aime les filles et fait coïncider un séjour à Paris avec le palpitant désir de les mieux approcher. Pourtant, où qu’il les ait priées de satisfaire un goût dont il rougit, il n’a point remarqué qu’elles fussent si méprisables. A l’en croire, de nous deux, c’est lui qui m’en remontrerait et me fournirait des adresses. Dieu me garde de le détromper ! Ce cynique personnage en serait trop mortifié et l’idée qu’il emporterait de la fête parisienne la lui ferait voir sous un jour déconcertant. Or si, par des peintures qui ne sont point forcées, j’ai mis à nu la plaie secrète dont souffre une grande cité, ce n’est pas un remède ensuite de bander cette plaie de telle sorte que le pus y fermente et gagne tout alentour.

Je ne suis pas un moraliste. Néanmoins, élevons le tarif d’une humble fille des rues, changeons jusqu’au décor où ses charmes se produisent. Rien ne sera changé. Feriez-vous, par hasard, la différence entre une prostituée de bas étage et telle hétaïre à la mode qu’on paie cher, à moins de vouer à l’une des deux un intérêt particulier? Nous ne saurions l’admettre, d’autant que, comme l’affirmait Jean de Tinan : « Les femmes chères, c’est les femmes bon marché qui ont vieilli. » La question, tout entière, est donc fixée sur ce point. J’ajouterai que, dans le cas ou des raisons de prix interviendraient et donneraient à qui n’est point gêné par elles, un semblant d’élégance, celles-ci n’excusent point, à mes yeux, un homme de s’y commettre. A ce compte, où marquer la limite de la crapule et des honnêtes gens ? Je la trouve dans le cœur de chacun, car l’argent, à lui seul, est déjà condamnable quand on l’emploie à satisfaire de bas instincts ou à les travestir de telle sorte qu’il sauve les apparences. N’est-ce point à l’argent que de vieilles dames intrigantes vendent couramment leurs filles? Et pour quel usage, s’il vous plaît? Celles-ci, dans le trafic où elles sont échangées, ont beau prétendre aux plus hauts sacrifices, elles sont souillées dès l’origine, et le moins qu’on leur puisse demander est qu’elles ne tirent point vanité de l’écart entre le prix qu’on les paie et celui que de moins favorisées qu’elles acceptent de recevoir pour salaires à leurs maux.

Tant d’innocentes tombent dans la galanterie qu’il faut bien accuser l’argent de les y avoir entraînées. Sans lui, sans la force qu’il a eu de tout temps sur l’imagination des femmes, que de pauvres créatures seraient conservées aux fonctions pour lesquelles la nature les avait préparées ! Il subsiste parfois, chez quelques-unes, un goût de la décence et des bonnes manières qui détonne dans leurs mœurs et fait se moquer d’elles cruellement les honnêtes femmes qui, plus habiles ou mieux élevées, n’ont jamais eu qu’une chance, bien placée à courir. Pensez-y ! D’autre part, dans ces mornes faubourgs de Paris, où la misère lutte comme elle peut contre l’enseignement du théâtre, du ciné et du roman-feuilleton, quelle défense trouveront des enfants contre la provocation du luxe? Les plus sages n’ont qu’un amoureux, et la vie s’ouvre devant elles dans son quotidien effacement. Faut-il les plaindre? A leur âge les rêves les plus fous ont cependant une apparence de crédibilité. Ils sont nés de lectures mal comprises et d’une profonde ingénuité. Ajoutez à ces plates considérations le goût secret qu’ont certains hommes de tout corrompre. La vertu, quand elle est rehaussée par les attraits de la beauté, prend sur ces hommes un tel pouvoir qu’ils n’en discutent plus le prix. Où donc sont les coupables? Ce gentleman qui, tout à l’heure, semblait avoir quelque motif de s’indigner, n’a-t-il jamais eu à se reprocher une intrigue dont les suites lui échappent? C’est pour cela que j’ai tant insisté sur la misère du vice. Ma complaisance à la décrire n’est point licencieuse. Elle n’est, hélas ! que trop fondée dans ses détails, et les malheureuses, qui les ont connus dans leur quotidienne existence, me donneront sans doute raison d’éclairer sur les conséquences d’un coup de tête de plus jeunes qu’elles, à leurs débuts. Ces lamentables épaves n’ont point toujours été telles que nous les voyons. Certaines ont connu l’opulence et les hommages les plus illustres. Elles en parlent quelquefois. Elles s’attardent sur leurs souvenirs … puis, comparant l’état où elles se trouvent avec celui de leurs belles années, forment un chœur d’étrange désolation. Villon, qui a vécu près de mêmes femmes à leur déclin, mesurait déjà le tragique intervalle qui sépare l’adulation du plus grossier mépris. Qui lui reprocherait un cœur si tendre? Bien plus, par un soudain détour qui va de l’âme aux déchéances que lui impose la recherche des plaisirs, il pleure sur sa propre jeunesse et met en garde quiconque en a encore le temps …

Beaux enfant vous perdez la plus
Belle rose de Vos chapeaux! …

soupire-t-il plaintivement. 

Pourrions-nous avoir un but moins désintéressé? Ce serait méconnaître les desseins de l’auteur et l’accuser gratuitement de prendre à son récit un goût immodéré. Quel bénéfice tire-rait-il d’une pareille narration s’il ne songeait au contre coup qu’elle doit avoir sur des lec-teurs moins informés que lui? Il pense à leur donner comme l’occasion d’opérer sur eux- mêmes un examen de conscience et par là à les fortifier contre un penchant si enraciné dans le cœur qu’il faut pour le combattre, le mener au grand jour.

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Au pas camarade, au pas camarade, au pas…

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Champs de Mars, printemps 2010

Humeur vagabonde…

Je délaisse un peu trop mes lecteurs, en ce moment… Beaucoup de choses à faire, à voir, à organiser!

 

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Le vague à l’âme est un peu trop envahissant ces temps-ci!

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Réagissons, que diable!

Une sortie : Max Jacob nous fait la courte échelle!

Max Jacob nous fait la courte échelle

 

Une sortie : Max Jacob nous fait la courte échelle!

 

Festival Paris en toutes lettres
Max Jacob nous fait la courte échelle, les 10, 11 et 12 juin
L’enchanteur de l’art moderne

Après le succès de balade/spectacle autour de Françoise Sagan, l’an dernier, trois journées, dans le cadre du festival « Paris en toutes lettres » seront dédiées, les 10,11 et 12 juin au sourcier de la poésie moderne : Max Jacob, l’ami d’Apollinaire et de Picasso qui avait réuni rue Nollet, entre 1928 et 1933, au cœur des Batignolles, une communauté de créateurs. Là se retrouvaient Henri Sauguet, Christian Dior, Charles Trenet, Charles-Albert Cingria et René Barjavel. Cocteau venait s’y ressourcer.

Familier du 55 rue Nollet, Jean Cocteau décrivait le « Quartier Général » de Max Jacob, bruissant de musique et de poèmes déclamés, comme une « pépinière de talents ». Le metteur en scène Jean Grimaud et le « conteur forain » Lucien Maillard, après avoir évoqué l’œuvre de Françoise Sagan, l’an dernier, dans le quartier Malesherbes, recréent, dans le cadre du festival « Paris en toutes lettres » l’atmosphère de ce foyer de l’art moderne à travers des récits, des saynètes et des poèmes de Max Jacob, des lettres de Picasso, d’Apollinaire, des témoignages de Cocteau et d’Henri Sauguet. Jongleur de calembours, Max Jacob avait excellé dans tous les arts, mourut le 5 mars 1944, à Drancy. La Gestapo l’avait arrêté au monastère de Saint-Benoît sur Loire, à la sortie de la messe. Toute sa vie était guidée par la fidélité et la foi. « L’amitié est le clou où est pendue ma vie ! », confessait-il. Aux côtés de Cendrars, de Modigliani, de Satie, de Picasso et de Dior, il avait enjambé le siècle des géants avec ses quatrains et ses sonnets. Il fut élevé, en 1960, au rang de poète mort pour la France. Après avoir enchanté le monde et laissé l’ombre d’un « magicien qui remue les hommes des photos / Et qui sait faire partir les voitures sans chevaux »…

En savoir plus :
Balades/spectacles : le 10 juin à 18 h, le 11 juin à 15 h et 18 h, le 12 juin à 14 h et 18 h.
Départ devant le 58, rue Nollet (hôtel Cyrano) et déambulation par la rue la Condamine et la rue Truffaut jusqu’à la mairie du 17e, 16/20, rue des Batignolles.


Email : compagnieclarance@wanadoo.fr

 

Connaissez-vous le grand Albert ?
Joachim ? Amaury de Bène ?
à Thöss, Margareta Ebner
de Christ enceinte en chair humaine ?

 

Connaissez-vous Henri Suso ?
Ruysbrock surnommé l’Admirable ?
et Joseph de Cupertino
qui volait comme un dirigeable ?

 

Et les sermons de Jean Tauler ?
et le jeune homme des Sept Nonnes
qu’on soigna comme une amazone
débarquant des Ciels-univers ?

 

Connaissez-vous Jacob Boehm
et la Signatura Rerum ?
et Paracelse l’archidoxe,
le précurseur des rayons X ?

 

On connaît bien peu ceux qu’on aime
mais je les comprends assez bien
étant tous ces gens-là moi-même
qui ne suis pourtant qu’un babouin.

MAX JACOB

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