Extrait du Canard enchaîné du mercredi 24 novembre 2010
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Archives pour novembre 2010
De Kubny, je ne connais que les oeuvres dont la spontanéïté m’enchante.
Ses curieux bonshommes colorés constitués de bandes de papier coloré et de matériaux de récup, sont fort divertissants.
C’est gai et vif à la fois. En ces temps de grisaille, ça fait du bien de voir ce genre de chose.
Kubny aurait, s’il avait vécu au 19e siècle, fabriqué des enseignes pour les bistrots, les magasins de nouveautés, ou les pharmacies.
En un mot : j’adore!
N’hésitez pas à aller voir ses oeuvres, présentées pour la première fois à Paris. Un moment rafraîchissant à ne rater sous aucun prétexte!
Kubny vit entre Paris et l’Auvergne. Il récupère dans les rues et les poubelles parisiennes, cartons, aluminium, emballages en polystyrène, bouteilles, sachets plastiques, vieux objets abandonnés… nécessaires à son passe-temps. Il les découpe, les regroupe, les camoufle sous des bandelettes de papier journal puis les colore. Ses créations dissimulent ainsi les restes et les rebuts de notre société de consommation. A l’aide de peintures, de paillettes, de perles, de billes en verre, de bijoux, il donne du brillant et de la couleur à ses oeuvres de patience.
Ses sujets s’attachent, pour la plupart, aux grands thèmes universels : la vie et la mort, le bien et le mal, les religions et leurs représentations, l’amour et la sexualité.
Sculpteur ? Plasticien ? Artiste populaire ? Kubny se dit « encolleur » et préserve sa nature autodidacte : « Je n’ai pas eu envie d’apprendre des techniques. Mes imperfections donnent à mon travail un style populaire et familier. C’est au fil du temps que j’améliore ma technique par des astuces, comme un bricolo touche à tout ».
Depuis une dizaine d’années, Kubny travaille dans l’anonymat de son appartement parisien mais son travail a attiré l’attention de plusieurs amateurs. Encouragé par ces derniers, il s’est décidé à confronter ses objets au regard d’un plus large public.
Pour voir ses oeuvres, allez donc chez Kubny les 27 et 28 novembre 2010 :
KUBNY, encolleur • 52, rue de Bagnolet 75020 Paris •
KUBNY@hotmail.fr
01 43 79 44 87
Une manifestation présentée dans le cadre des portes ouvertes des Ateliers d’artistes de l’APLA
Spécial copinage : Philippe Foubert en montgolfière…
Publié 19 novembre 2010 dans Non classé 1 CommentaireVoilà dix, non… vingt, non, trente ans que je connaît Philippe Foubert! Nous étions bien jeunes alors, je me passionnais pour l’histoire des Batignolles et j’avais appris que les aéronautes Godard avaient participé à la fête patronale du village sous Napoléon III.
La chaudière de l’énorme montgolfière Godard
M’armant de courage, je me rendit alors à la bibliothèque du Musée de l’Air qui était alors boulevard Péreire.
On m’y présenta un jeune en pull jacquard, un peu timide (encore plus que moi je ne l’étais!) et qui travaillait sur sa famille : les Godard.
Une belle rencontre. Nous nous revîmes. Des promenades à n’en plus finir dans Paris, des pas et des pas, des paroles et des paroles.
Lui avait découvert dans une armoire, quelques médailles aéronautiques, quelques vestiges du passé familial puis avait interrogé son père : il était lié à la plus grande famille d’aéronautes français du 19e siècle : les Godard.
Le jeune homme s’emballa, se passionna et s’embarqua… pour le ciel!
D’une passion purement intellectuelle, découla celle, plus concrète, de l’aérostation et des montgolfières modernes! Philippe passa son brevet de pilote…
Il m’embarqua dans sa première montgolfière, la « fière Mongole »! Un vol épatant – ah, quand nous frôlions les cimes des arbres! – pour les deux amis, et pour une autre qui faisait le « retrouving » en voiture. Elle est depuis devenue ma femme…
Des souvenirs…
Philippe est depuis devenu l’un des meilleurs aéronautes français.
Il a bien fait d’explorer son armoire…
Trente ans après, nous marchons toujours ensemble dans Paris… Et nous avons toujours des choses à nous dire!
Philippe vient de créer un blog. Il y raconte avec humour et passion l’histoire et l’actualité de l’aérostation. Allez y de ma part, vous serez bien reçu!
Et comme on dit lorsque la montgolfière s’élève : BON VOL!
(Lien dans la colonne de droite).
Philippe en Père Noël!
La belle montgolfière de Philippe…
Reçu dans ma boîte e-mail, hier : faut-il en rire ou en pleurer?
« Bonjour
Est heureuse qu’enfin je peux t’ecrire personnellement la message.
J’ai trouve tien e-mail sur le site des connaissances.
Je veux faire connaissance beaucoup avec un bon homme dans Internet.
J’ai pu trouver ton adresse du courrier electronique et maintenant je peux t’ecrire la message texte personnellement.
J’espere beaucoup que maintenant nous pourrons faire connaissance personnellement et tu ne negligeras pas ma message.
Je la premiere fois essaie de faire connaissance dans Internet.
J’a la fois ne faisais pas connaissance ainsi.
Je pense qu’a moi ne se trouve pas dans ma premiere message texte se repartir.
Si tu me reponse cela je te raconterai absolument plus de lui-meme et j’enverrai absolument!
J’avec l’impatience attendrai ta message texte.
mon adresse e-mail: xxxxxxx@yahoo.com
J’espere que tu repondras maintenant vite. Ne me force pas a attendre ta message et je te paierai de retour toujours.
Avec l’impatience j’attends ta RE’PLIQUE.
TON nouvel ami Marina!!! «
Dans mon livre Montmartre des écrivains, j’ai évoqué l’ambiance d’un Montmartre d’avant 14, encore rural, familial, bon-enfant, mais souvent misérable. Malgré les apparences, il ne reste plus grand chose de cette Butte d’autrefois. La maison de Berlioz a été démolie depuis longtemps, tout comme celle dite de « Mimi Pinson » rue du Mont-Cenis. La rue Cortot était alors une ruelle étroite et tortueuse et la rue Saint-Vincent se bordait de solides contreforts qui lui donnaient cette allure tant appréciée des amoureux.
Escalier du Calvaire – Dernier cultivateur de Montmartre.
Les rues ont été redressées, nivelées, plus de poules – à plumes! – dans les cours, ni de clapiers dans les jardins. Des plants de tomates poussent encore, non-loin du Musée de Montmartre, mais cela reste bien anecdotique…
Pourtant, des millions de touristes viennent, chaque année célébrer le souvenir d’un Butte champêtre et pittoresque. La mémoire est vive, là-haut, et chacun y vient avec sa propre image de la Butte, prend des photos, parcourt des rues qu’il croit inchangées…
Mais tout bouge, tout se transforme! Le Montmartre des anciens n’est plus…
L’autre soir, en sortant du Musée de Montmartre, où j’avais voyagé une fois de plus dans le temps, grâce à ses merveilleuses archives, j’ai été saisi par la beauté du paysage et de la vue sur Paris. De la rue Lepic, en regardant au loin, le ciel était rouge sang et, par contraste, les murs des maisons se paraient de teintes grises et bleutées extraordinaires.
La rue Cortot.
L’ambiance était joyeuse, vivante, les passants traînaient un peu malgré le vent qui soufflait et qui nous obligea même, mon amie Cathy et moi, à changer de table à la terrasse de notre café habituel.
L’air était léger… La bière savoureuse et la cigarette parfumée…
Montmartre, le soir.
Montmartre n’est pas mort.
En décembre 1910, un certain Roland Dorgelès publiait, dans Fantasio, un état des lieux de la Butte un tantinet nostalgique: Les derniers jours de Montmartre…
100 années se sont écoulées depuis…
Que reste-t’il de nos amours?
L’étroite rue Cortot.
Pour avoir traîné leur joie dans quelques cabarets de nuit – entre la place Blanche et la place Pigalle – pour avoir hanté le Moulin-Rouge et être allé, parfois, jusqu’à exhorter leur cocher à pousser sa rosse fourbue jusqu’au Moulin de la Galette, des gens croient connaître Montmartre et prétendent « avoir fait la noce sur la Butte ».
Ils se trompent. On ne fait pas la noce à Montmartre et cette réputation de libertinage qu’on a faite à la Butte est plus choquante que des grelots à la coiffe d’une paysanne. Montmartre, c’est une campagne accidentée où se sont retirés quelques artistes et quelques rentiers, c’est une petite ville de province dont les maisons sont espacées le long des rues comme les grains d’un rosaire; c’est une bourgade tranquille dont le seul tort fut de pousser près de Paris. Le vieux Montmartre ne s’aperçoit que trop qu’une grande ville est un redoutable voisin; chaque année, les bâtisses blanches lui prennent une nouvelle rue, il voit l’ennemi qui s’approche sons ses boucliers de zinc, bardé d’échafaudages: et il ne reste plus que les hauts escaliers, quelques rues escarpées, pour défendre la Butte contre la lèpre blanche des maisons neuves qui mange la verdure, impitoyablement.
Rue Saint-Eleuthère.
On abat les arbres centenaires de la Feuillée Montmartre, on démolit la Jolie Lieutenance en habit rouge brique, on rase le maquis, on construit place Jean–Baptiste Clément et la bourgade résignée attend maintenant, entre la rue Gabrielle et la rue Caulaincourt, que les bâtisseurs qui l’assiègent aient donné le dernier assaut. Dans dix ans, dans vingt ans peut-être, il ne restera plus rien de Montmartre qu’une basilique prétentieuse au milieu de maisons à bow-windows; on ne gardera de la Butte que de tristes photographies qu’on range dans l’album les portraits identiques des parents disparus. Et sa mémoire même ne sera pas respectée – car on parlera de cette provinciale paisible comme d’une petite évaporée qui faisait la fête. Cependant, les Montmartrois savent combien elle est honnête, leur bonne Butte. Ses rues calmes, où les chaussées aux pavés raboteux font le gros dos, ont des noms charmants de vieille France : rue Saint-Rustique, rue des Saules, rue de l’Abreuvoir, place du Calvaire, place du Tertre…
Ce sont d’étranges rues, abruptes et tortueuses, qui se faufilent entre les maisons lézardées, grimpent les côtes, dégringolent les escaliers, s’élargissent pour recevoir les baraques d’objets pieux, puis se font toutes minces, pour glisser entre les murailles moussues sans se salir.
Rue du Mont-Cenis.
Rue Saint-Vincent, les murs épais, malgré leurs contreforts, ont cédé sous la lente poussée de la terre, et la venelle, interdite aux passants, n’est plus qu’un enclos sauvage, tout pépiant de la joie criarde des oiseaux. Au milieu, parmi les ruines, la chaumière effondrée attend lesdémolisseurs, comme ces vieilles gens quiattendent la mort; et les amoureux qui, naguère, se donnaient là des rendez-vous, maison de Berlioz et le Lapin Agile, pour s’y rencontrer le soir et publier en phrases laconiques, sur les murs et les palissades, qu’en cet endroit désert ils connurent des joies brèves.
La rue Saint-Vincent.
Les acacias et les lilas, à l’étroit dans leurs jardins, débordent dans les rues qu’il tendent d’ombre bleue; le lierre coule le long des murs, le soleil glisse, comme un sourire, sur le visage clair des maisons. Les maisons ont toutes leur charme : abris de pèlerins qui semblent toujours dormir avec leurs volets clos, fermes branlantes, dont les mansardes sont festonnées de volubilis et jusqu’aux tristes panoramas qui bâillent d’ennui, à pleine porte. Elles peuvent sommeiller, le bonnet de travers, les vieilles maisons; aucun bruit ne les réveillera. Les vagues de tumulte qui roulent sur Paris, ne déferlent Jamais là-haut; que la capitale manifeste ou s’amuse, les femmes s’en iront à la fontaine du même pas tranquille. Si l’on entend un cri, c’est un marchand qui passe. On reconnaît la mère Mouton, qui bêle en vendant son poisson, le marchand d’habits au cri mélancolique et la mère la Lune à la voix éraillée, dont le mari ténorise en proclamant sa marée.
Une Montmartroise encore « nature ».
A Montmartre, où l’attention repose sur quelques êtres … sur quelques toits, ces marchands sont familiers. On sourit à Adèle, dont la baraque de planches reçoit des dîneurs en habit; on salue le père Michaud, dernier cultivateur de la Butte; on bavarde avec Frédéric, cabaretier du Lapin Agile, qui est potier le matin, chansonnier le soir, artiste toujours.
Frédéric, le cabaretier du « Lapin agile ».
Parfois, on rencontre encore quelques rapins, – cheveux longs, feutres tourmentés, larges pantalons, – mais cet uniforme d’opéra comique ne se porte plus guère. Les artistes ont abandonné cette mode décriée aux apprentis dentistes et calligraphes à gages; maintenant peintres et écrivains font du sport et portent volontiers les pufees de drap vert et la casquette grise du Yankee.
La célèbre Adèle.
De la bohème de naguère, il ne reste plus que les Montmartroises, petites sœurs rieuses de Musette et de Mimi Pinson. Modèles, amies d’artistes, elles ont toutes ce charme particulier, cette élégance fantaisiste qui décèle la Montmartroise. Parfois, Paris en fête en attire une et la retient. Ayant quitté sa famille, Louise, un soir, quitte son amant.
Mais qu’importe! Paris peut chanter sa joie et poser le soir, sur sa tête, son casque de clarté, il peut incendier le ciel de toutes ses lumières, Montmartre la tranquille le domine toujours ! Montmartre se défend, îlot perdu dans l’océan des pierres. La Butte, c’est la dernière escale d’où les nuages prennent la mer…
L’abri Saint-Joseph.
Et quand au crépuscule le soleil disparaît, c’est Montmartre qu’il dore de son baiser d’adieu, Montmartre lumineux qui se dresse comme le front pensif de Paris.
ROLAND DORGELÈS.
Le dernier rapin.
(Les illustrations sont de l’artiste Montmartrois Georges Delaw).
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