Il y a des vestiges de notre patrimoine dont tout le monde se moque. Il en est ainsi de la façade du restaurant « Le boeuf à la mode », n°8 rue de Valois (1er arrondissement) qui n’en finit pas de se ruiner, et cela juste en face du Ministère de la culture!
L’enseigne dans toute son ampleur.
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Depuis plusieurs années, les petits chapiteaux en métal appliqués sur la façade de la boutique ont été volés, puis les boiseries se dégradent, sans que personne n’intervienne.
Détail en 2010.
Le même vers 1900, sans toutes les couches de peinture qui ont empâté son relief.
Récemment, le vilain garage situé à cette adresse, dans la cour, a été remplacé par une salle destinée à l’organisation d’évènements chics. Depuis, l’enseigne du boeuf à la mode, qui subsistait au dessus du portail d’entrée, a disparu. Mais cela n’inquiète personne, plus particulièrement l’architecte des Bâtiments de France chargé de cet immeuble, que j’ai contacté. Notre conversation a duré cinq minutes : cette personne ne connaît pas l’existence de l’enseigne! Un comble!
En 1900 (carte postale).
Renseignements pris chez l’occupant actuel de la boutique, il semblerait que l’enseigne, déposée, ait été confiée à un restaurateur. C’est à souhaiter, mais cela ne règlera pas le sort de la façade de la petite boutique qui abrita l’un des premiers restaurants parisiens. C’est bien triste, car nous avons là l’un des tous derniers vestiges des nombreux commerces qui du Palais-Royal.
Comme d’habitude, ce genre de « détail » n’intéresse absolument pas les responsables de nos institutions culturelles. Pourtant, l’âme de Paris réside dans ces enseignes, ces plaques de rue, ces boutiques et ils devraient être particulièrement attentifs en assurant leur préservation.
L’enseigne du « Boeuf à la mode » devrait être remplacée par une copie et déposée à Carnavalet pendant qu’il en est encore temps. Mais qui fera cette démarche? Je crois bien que tout le monde s’en fout, sauf votre serviteur!
Le « Boeuf à la mode » fut fondé en 1792 par les Méot, deux frères marseillais. Racheté sous le Directoire par Tissot. L’enseigne du bœuf habillé en « merveilleuse » date de cette époque. Sous la Restauration Tissot continua d’habiller le bœuf « à la mode du jour », en l’habillant d’un châle et chapeau à brides.
L’intérieur du Boeuf vers 1830.
L’enseigne trônant au fond de la salle.
Dans le Petit Dictionnaire critique et anecdotique des Enseignes de Paris, par un batteur de pavé (1826) attribué à Balzac, on lit : « Boeuf à la Mode« (Au) Restaurateur près le Palais-Royal. Des schalls, un chapeau ornent un boeuf que le restaurateur calambourdiste a cru pouvoir appeler à la mode; d’aucun, trompés par le jeu de mots, ont voulu tâter la cuisine, mais ils ont trouvé qu’il était un peu trop salé »
Un grand merci à Bernard Vassor pour sa collaboration amicale. Au moins une personne qui ne se moque pas des vestiges du vieux Paris!
Aspect de la façade du restaurant en 1900.
Et à l’intérieur.
Extrait de la Revue de Paris, 1835
C’est bien dommage, que de jolies choses comme cette enseigne disparaissent au fil du temps englouties par les temps modernes et l’indifférences des passants.
bonjour
j’ai un menu du restaurant le boeuf a la mode en ttb avec photo
les enseignes du vieux paris
le bœuf a la mode
restaurant fonde 8 rue de Valois en 1792
avec menu: je suis la poularde a la ficelle; en ce jour du 10 décembre de l’an grâce 1931 signe marcel Dorin
avec une carte de visite de l’inauguration de sa broche
avec une poésie de Lucien Boyer ( betonj@orange.fr ) pour des renseignements. cordialement
Bonjour,
Il y a trois-quatre ans, J’ai eu le plaisir de visiter l’intérieur de la boutique d’estampes, qui correspond approximativement à l’ancien restaurant, en compagnie du propriétaire, qui m’a montré l’emplacement de l’escalier, bien en vue sur l’estampe. Il m’a raconté aussi que sa famille avait acquis l’immeuble entier en 1938, quand le restaurant avait fait faillite. La même année a été fatale au Foyot en face du Sénat. Là le vandalisme a été plus complet encore, car le bâtiment entier a été rasé.
Aussi ai-je constaté avec tristesse la disparition de l’enseigne : le bling-bling design gagne irrémédiablement tous les derniers recoins du Palais Royal qui conservaient un reste de patine. On a habillé la Banque de France d’une ignoble résille métallique au lieu de reconstruire la Commanderie d’Orléans (encore un engagement de la 3ème Ruinepublique qui n’a pas été tenue), et pas une plaque ne signale, au 177 de la galerie de Valois, que c’est là que Charlotte Corday a acheté le coutelas qui a frappé le tyran Marat…
I only speak english, I apologize.
I have one of these menus, though it looks hand written and quite old.
Do you know if it is valuable?
Please email me if interested!
SOS Paris inquiété de la disparition de cette enseigne avait envoyé un courrier à notre ministre Frédéric Mitterrand. Il nous avait répondu en témoignant de son intérêt: aux dernières nouvelles voici l’enseigne de retour.
La mobilisation de chacun est importante et les courriers aux autorités parfois efficaces, il ne faut donc surtout pas s’en priver.
N’hésitez pas à nous contacter pour relayer vos inquiétudes ou autres questions auprès des autorités que nous pouvons côtoyer.
sos.paris@orange.fr
Vous avez vu ? C’est revenu ! Moi aussi j’étais inquiète mais j’ai eu de la chance de rencontrer un monsieur qui a pu me dire que c’était en restauration.
Balzac cite cette enseigne pour dépeindre Mme Vauquer une fois attifée de divers vêtements nouvellement achetés quand elle conserve encore quelque considération pour le père Goriot . Une note de la Pléiade situe l’enseigne rue du Lycée .
Je suis absolument d’accord avec vous tous . Je possede deux cartes postales publicitaires de ce restaurant. Si l’on doit écrire quelque part pour la cvonservation de cette enseigne donnez-moi svp les coordonnées;
Merci par avance.
Merci pour ce site et ses commentaires qui éveillent en nous l’envie d’aller voir sur place à la prochaine occasion.
hormis Balzac, Jules Renard cite le restaurant, »le bœuf à la mode rue de Valois » dans son journal de 1893.
Merci pour les informations sur cet endroit que je ne connaissais pas. Mes grand-parents y ont déjeuné le jour de leur mariage, et j’en conserve deux menus en parfait état, datés du22 août 1903. Ils habitaient Belleville, mais n’ont pas hésité à fêter cela dans les beaux quartiers !