Archives pour août 2011

Rêver à d’impossibles voyages…

Entre 1980 et 1982, Gérard Roig (v. Article le concernant un peu plus bas) publia une feuille humoristique, photocopiée sur les machines de la société Kleber-Colombes : « Le petit responsable ». Gérard était l’un des employés de cette société. Parti en vacances, on lui avait indiqué à son retour, qu’il avait été désigné « responsable » et qu’il assurerait dorénavant – et bénévolement – la sécurité incendie à son étage. Les absents ont toujours tort et Gérard avait été choisi pour cette fonction « secouriste » par des collègues qui ne pouvaient (et ne voulaient) sûrement pas le faire à sa place…

Le côté anarchiste de Gérard fut très agacé par cette sorte de traîtrise et il réagit alors de manière très positive en publiant de manière totalement anonyme, cette feuille du « Petit responsable » qu’il répandit secrètement, tel Fantomas, dans les bureaux de la société. Elle fit grand bruit parmi les membres du personnel. Il me gratifia alors d’un exemplaire de cette « revue » bien modeste à chacune de sa sortie.

Voir Gérard se répandre ainsi et avec cet humour corrosif dans cette feuille de chou, m’étonna au plus haut point. Ce « vieux », que je trouvais si cultivé, agréable et gentil exprimait une sorte de révolte et cela le rendait encore plus sympathique pour l’adolescent que j’étais. Naturellement conservateur, j’ai gardé précieusement mes exemplaires du « Petit responsable » et j’y retrouve avec émotion et beaucoup d’amusement, l’homme que j’adorais et qui a, un peu trop vite, tourné  au coin de la rue.

Dans ce bulletin, Gérard publia une suite de petits textes : « Histoire et géographie des stations de métro méconnues ». Il se documenta très sérieusement et se rendit sur place à chaque fois pour rédiger ces perles où perce toujours l’humour délicat de son auteur. J’ai choisi de les reproduire dans ce blog où ils ont leur place, sans aucun doute. D’autres extraits du petit responsable suivront.

Et n’oublions pas cette citation de Saint-Exupéry, citée  en tête de chaque bulletin :

« Etre homme; c’est précisément être responsable… »

HISTOIRE ET GEOGRAPHIE DES STATIONS DE METRO MECONNUES

1ère station : Corentin-Cariou, étape sur la route des Flandres.

Prolongée mentalement, la ligne 7 qui suit la rue de Flandre traverserait; Roissy, Avesnes, Charleroi, pour aboutir à Enschede (Frontière allemande). C’est d’ailleurs cet aspect de kermesse flamande qui vous saisit en dé­bouchant avenue C. Cariou (Sorties en tête) : Partout des viandes vous assaillent : « Aux viandes cachères », « Paris-viandes » (Bavette 32,80 le kg), « La Villette-Salaisons », gros, demi-gros… et là-bas, coulant, entre ses rives verticales de béton, est-ce le Rhin? Non, c’est le canal St-Denis, et ces visages basanés croisés rue Barbanègre n’ont rien de Hollandais… Avant-dernière des 31 stations de la ligne Mairie d’Ivry – Porte de la Vi1lette (15,380 kms – Durée du trajet 44 mn), cette station se nommait Pont de Flandre jusqu’en 1944. Nous n’avons, malgré nos recherches, rien trou­vé sur Corentin Cariou.

Le pont de Flandre, qui enjambe l’avenue, est le coeur du quartier. Il se prolonge et se dissout le long de l’inquiétante rue Rouvet, derrière des palissades et des baraquements autour desquels rôdent des ombres. Sous une arche, de l’autre côté, un choc vous attend: Une des dernières vespasiennes de Paris, en parfait état de conservation, un modèle super­be. Non loin de là, deux restaurants se font concurrence aux coins de la rue B. Constant : « L’échaudoir » qui offre en prime un spectacle à 25 f, et affiche Maurice Fanon, un artiste qui eut son heure de gloire. En face, c’est « La pièce de boeuf » (I20 f pour 2 personnes).

Il faut aller flâner sur les quais et rêver à d’impossibles voyages…

A droite, quai de la Gironde » un moderne poste de contrô1e d’écluses, bardé d’écrans de télévision, sous les peupliers. A gauche, par contre, quai de l’Allier, quel est ce mystérieux troglodyte qui veille sur des treuils rouillés, dans sa cambuse surp1ombant l’eau noire et huileuse, à la lumière d’une lampe à acétylène, parmi les reliefs d’un modeste repas? Les bouchers passent, indifférents, et ne sauraient pas vous répondre… Sur le bassin de la Villette / Il n’y a pas de goe1ette / Mais dans le fond je m’en fiche /Quand on a bu un coup de vin / Il suffit d’une péniche / Pour se croire en pays lointain… chantait Lys Gauty en I938… 

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Photo : http://www.kimuz.net/

 

 

 

 

Gerard Roig : un ami est parti.

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L’ami Gérard, au parc Monceau, au temps de nos promenades fraternelles…

J’avais seize ans, et je me passionnais depuis peu pour une ville que je ne finissais pas de découvrir. Juste un peu avant, à la faveur de loisirs volés au collège, muni d’un plan de métro, j’étais parti à l’aventure, ticket de métro en poche et plan de Paris en main…

Mes samedis matin furent lumineux, incroyables, extravagants : alors que mes parents me croyaient un élève studieux et régulier, je m’échappais, volant du temps à l’éducation « officielle », pour faire mes universités parisiennes, en baskets, un peu honteux de mentir mais si heureux de mes découvertes. J’étais enfin seul, maître de mes mouvements. J’allais au Pré–Saint-Gervais, attiré par le nom si romantique de cette station de métro, à Notre-dame, aux Buttes Chaumont…

Puis un jour le pot aux roses fut découvert. Convoqué par le directeur du collège. Le bonhomme m’a laissé un drôle de souvenir, celui d’un monsieur très embêté :

-       Mais que faisiez-vous pendant tous ces samedis ?

-       Je me promenais…

-       Vous-vous promeniez, mais pour faire quoi bon sang ?

-       Pour découvrir Paris…

Je vois encore la tête de ce monsieur… Un peu étonné, un peu amusé mais voulant se donner la mine d’un directeur d’établissement sévère.

Le virus m’avait envahi. Paris ne m’étais plus étranger. Puis l’histoire de cette ville me passionna… J’écrivis une lettre à un journal pour demander des renseignements sur la cour du Dragon, disparue depuis longtemps. Mon adresse fut publiée avec ma lettre.

Quelque temps après, une enveloppe arrivait chez moi. Elle contenait la lettre d’un lecteur de ce journal, Gérard Roig, « vieux » d’un peu plus d’une quarantaine d’années. Il m’exposait dans son courrier sa passion pour Paris et son histoire, la belle littérature, les photographies anciennes montrant les aspects perdus de la capitale. Il avait copié de vieux plans, recherché les rues mentionnées dans les romans de Balzac et d’Hugo, filmé des immeubles voués à la démolition…

Après une longue conversation téléphonique, il vint chez moi, accueilli à bras ouverts par mes parents. Il était encore jeune, souriant, agréable, très cultivé et assez drôle.

Il me donna des livres sur Paris, la littérature et nous nous vîmes souvent, parcourant les rues d’une ville que nous aimions tous les deux à la folie.

Il était étonné de rencontrer un « jeune » passionné par toutes ces choses et moi j’étais heureux d’avoir un ami à l’écoute.

S’il n’avait pas été là, « Paris secret et insolite » n’existerait pas et je ne serais certainement pas devenu le drôle de loustic qui écrit ces lignes.

Nous ne nous sommes jamais perdus de vue depuis ce temps, déjà lointain. Lui s’est voué corps et âme à l’édition d’une revue, « Phonoscopie », consacrée aux artistes et microsillons d’avant-guerre, et moi j’ai continué de découvrir Paris…

Puis je fus témoin à son deuxième mariage.

Nous-nous sommes revus assez souvent chez lui, en compagnie de sa nouvelle femme – que je lui avais présenté ! – nous avons continué nos discussions parisiennes, entrecoupées de bonne histoires sur le music hall d’autrefois dont il était devenu un grand spécialiste.

Puis, au printemps dernier, une très vilaine maladie du nom de cancer a emporté mon ami au paradis, rapidement, brusquement, comme un  disque rayé qui se casse ensuite. Un silence pesant a suivi : la voix un peu chantante de l’ami Gérard ne résonnera plus à mes oreilles, je ne pourrai plus l’embrasser.

Si j’avais pu ouvrir la bouche au cimetière, je n’aurais pas parlé, non, j’aurais chanté :

C’est la romance de Paris

Au coin des rues, elle fleurit

Ça met au coeur des amoureux

Un peu de rêve et de ciel bleu

Ce doux refrain de nos faubourgs

Parle si gentiment d’amour

Que tout le monde en est épris

C’est la romance de Paris.

Adieu Gérard, et profite bien de tes longues, longues vacances en compagnie de Trenet, Brassens et de tous les artistes que tu as si bien servi. Quant à moi je n’ai pas fini de penser à toi au cours de mes longues promenades parisiennes car tu resteras mon éternel compagnon, celui qui, un jour, m’a montré la direction de la route enchantée…

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L’infini commence aujourd’hui…

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Il n’y a jamais de fin à Paris…

« Il n’y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu’en gardent tous ceux qui y ont vécu diffère d’une personne à l’autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ni comment il avait changé, ni avec quelles difficultés – ou quelle facilité – nous pouvions nous y rendre. Paris valait toujours le déplacement, et on recevait toujours quelque chose en retour de ce qu’on lui donnait. »

Hemingway

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Maria-Luisa, ah ah!

Au coeur du mois d’Août, un message venu d’Espagne, envoyé par une lectrice attentive, touriste à ses heures dans les rues de Paris :
. . . Je voudrais vous dire, comment j’ai trouvé votre guide …! :)

. . . J’étais à Paris sur la rue Fontaine, à regarder la porte et la façade de la maison de Lautrec, et à ce moment… Un inconnu me regarde… Et voit la plaque sur la porte!

Et il dit … vous connaissez le guide Paris secret et insolite?! Vous devez l’acheter! Il est vendu à la Fnac, vous aimerez, c’est un livre merveilleux!

Il remonta sur son vélo et reprit sa route.

Je l’entendis crier alors à mi-chemin, dans la rue : « à la Fnac!!! haha »

Il me semblait vivre une scène fantastique!!!

Merci Maria-Luisa pour ce témoignage ravissant!

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« Paris secret et insolite, ah ah! »


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